Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/224

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binées étoit le choix du sujet auquel il falloit donner la place de Souradjotdola. On avoit parlé longtems du fodjedar de Katek, d’un des fils du défunt nabab de Pourania, des fils de Sarfrazkhan, enfin de Khodadadkhan Letti que les Chets eux-mêmes avoient fait venir [de je ne sçais quel endroit de l’Inde] pour leur sûreté. Mais aucun de ces personnages ne pouvoit bien convenir. Leur choix auroit apparemment donné trop de jalousie et occasionné de nouveaux troubles. Peut-être même le projet eût manqué dans l’exécution, si la malheureuse étoile de Souradjotdola, ou plutôt son caractère violent et son peu de ménagement pour ceux qui seuls pouvoient le soutenir, n’eut fait paroître le sujet auquel il devoit être sacrifié ; je veux dire Mirdjaferalikhan, proche parent de Souradjotdola par sa femme, et très connu des Européens, surtout depuis l’affaire des Ostendois en 1744[1].

  1. La compagnie d’Ostende fondée en 1718 par l’empereur d’Allemagne souverain des Pays-Bas, excita aussitôt la jalousie des Anglais et des Hollandais, et, dans les années qui suivirent, elle avait failli devenir un casus belli entre l’Autriche et ces nations. Tolérée plutôt qu’officiellement reconnue, la compagnie d’Ostende n’avait pas tardé à péricliter et l’établissement qu’elle avait fondé à Baguelbazar, dans le Bengale, avait dit disparaître. En 1744, le chef de cet établissement était un nommé Esconomille. Persécuté par les Anglais et les Hollandais, abandonné par le nabab, Esconomille évacua la loge avec une partie de ses employés pour se retirer au Pegou ; ceux qui restèrent furent massacrés (1746) et ce fut la fin de la compagnie d’Ostende dans l’Inde.