Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/232

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Comme ces messieurs se disent les maîtres de l’élément aquatique, il nous convenoit d’autant moins de les attendre que nous savions qu’ils avoient des bâtiments et plus forts et en plus grande quantité que nous. Peut-être aurions-nous eu l’avantage de la marche, mais nous ne crûmes pas à propos de leur donner le plaisir de nous voir fuir. Un ordre du raja de Patna me fût signifié le 18 au nom de Mirdjaferalikhan de m’arrêter pour attendre sans doute les Anglois et un autre de sa part de décamper. Quelques petits corps de cavalerie faisoient mine de s’étendre le long de la côte pour nous empêcher d’avoir des provisions ou faire main basse sur nos rameurs. Sur quoi nous mîmes à la voile bien résolus de quitter toutes les dépendances du Bengale. Il fallut malgré nous relâcher à Chapra onze cosses au dessus, parceque nos rameurs refusoient d’aller plus loin ; les prières, les menaces, tout fut inutile. Je crus pour lors que les Anglois avoient trouvé moyen de les gagner. Les bateaux ne nous appartenoient pas, mais le scrupule de les enlever eut été peu de chose, si nos Européens avoient sçu les conduire… Malheureusement ils n’y entendoient rien. Les bateaux dans le Bengale n’ont point de quille, et par conséquent portent très difficilement la voîle ; ainsi il fallut perdre deux jours à parlementer. À la 25 Juillet.      fin un doublement de paye fit l’accommodement et, cinq jours après, nous arrivâmes à Gadjipour, premier endroit remarquable des pro-