Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/235

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ses ordres avoient préparés sur ma route. Je me contentai de répondre à M. Clive et continuai mon chemin.

La lettre de Mirdjafer ne devoit pas me surprendre, mais j’avois idée qu’il auroit pu m’en écrire une d’un autre stile à l’insçu des Anglois. Je connoissois ce nouveau soubahdar que j’avois été voir dès le tems que je sollicitois des secours pour faire lever le siège de Chandernagor. Mirdjafer qui n’avoit pas encore l’idée de se faire soubahdar, m’avoit paru très sensé, assés porté, à nous rendre service et nous plaignoit beaucoup d’avoir à faire à un homme aussi lâche aussi indécis que l’étoit Souradjotdola. Sur cela, aussitôt la nouvelle de son avènement au soubah, j’avois cru à propos de lui écrire. Je lui donnois à entendre que si j’étois descendu au secours du défunt nabab, c’étoit uniquement comme serviteur du soubahdar et non d’un homme qui par sa lâcheté étoit cause de notre perte ; que mon intention dans tout ce que j’avois fait avoit été d’empêcher les provinces de tomber entre les mains des Anglois, qu’enfin c’étoit à lui de juger si nous étions en état de lui rendre quelques services. Cette lettre étoit asses propre pour exciter des sentiments favorables pour nous. Mais si elle fit quelqu’effet, Mirdjafer n’en fît rien paroître. La révolution étoit trop récente, le crédit des Anglois trop grand, pour risquer la moindre correspondance avec moi.

Sortant du Bengale, pour parcourir l’Indoustan,