Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/239

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qu’Hametcha étoit peu content de Mensouralikham ; concevoir aussitôt le dessein de se faire vizir, n’étoit qu’une chose asses naturelle à un esprit aussi ambitieux, mais la facilité avec laquelle il conduisit l’exécution n’est pas croyable pour une personne sans expérience, à qui la moindre ressource paroissoit manquer. Il lui falloit des créatures ; ses talents naturels lui en procurent par le moyen desquelles il sçut gagner l’esprit du prince et s’attacher les Marattes auxquels il ne fit pas difficulté de sacrifier son honneur, son bienfaiteur et même sa patrie. Enfin, en moins de rien, on vit éclater une guerre furieuse qui mit en combustion Delhy et ses environs, et qui ne finit que par l’expulsion de Mensouralikhan, qui se crut encore fort heureux de pouvoir vivre tranquille dans sa province de Laknaoo. Le chagrin qu’il en eut cependant le mît bientôt au tombeau.

Tout le monde prétend que Ghazioudinkhan est un des plus grands politiques qui ayent jamais paru. Pour moi, je n’ai rien vu dans sa conduite que beaucoup de fourberie et une cruauté qui révolte. Il a presque toujours le chapelet à la main, mais sa dévotion [comme celle d’Aurangzeb] n’est qu’hypocrisie ; il n’est jamais plus à craindre que lorsqu’il lui en prend un excès. À peine affermi dans son poste de vizir, il songea à se défaire de tous ceux qui l’avoient le mieux servi, dans la crainte apparemment de devenir à son tour leur victime. Il fit massacrer inhumainement celui en