Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/253

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d’ordinaire ni poudre ni plomb. Les fusils n’ont point de baïonnettes, ainsi le bâton, selon moi, fait une arme aussi respectable.

À cette pompe que je viens de décrire on ajoute toujours le Gary[1] ; c’est l’horloge de cuivre qu’on frappe de tems en tems, ce qui est une grande marque d’honneur. Voila les objets qui l’occupent d’abord ; les cavaliers viendront quand ils pourront. À voir un homme qui fait tant de bruit, qui passe et repasse d’un bout du camp à l’autre, on demande qui c’est. C’est un Mansoddar, un homme qui commande à trois mille chevaux ; un crieur qui le précède a soin d’en instruire le public en chantant, « voilà ce grand homme, cet invincible égal à Alexandre, etc. ». On voit son quartier de campement qui s’annonce par un grand pavillon où l’on suppose naturellement les trois mille chevaux. On approche, on ne voit rien. Cinq ou six mauvaises canonières dont quelques unes contiennent des femmes en font tout l’étalage ; une vingtaine de bœufs de charge qui doivent porter le bagage du Mansobdar, avec tout son bazard c’est à dire le marché, sans lequel sa troupe ne pourroit subsister.

Dans une armée de vingt mille hommes effectifs, il faut compter pour le moins une cinquantaine de chefs dans ce goût là. Demandez cependant au général à combien se monte son armée, il vous dira

  1. Voyez le mot gary à la table (des explications).