Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/252

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ment plus de bruit qu’une armée de cent mille hommes en Europe. On y voit presqu’autant d’officiers ou soi-disant tels, que de soldats ; cinq fois plus de domestiques ou marchands, et pour le moins dix fois plus de femmes de toutes les sortes. Un chef qui, de simple pion sera parvenu par la protection de quelques eunuques, à obtenir du prince, soit un titre soit une commission pour commander un petit corps de cavalerie, dès ce moment cet homme ne peut plus marcher sans un train considérable. Il n’a cependant qu’à peine de quoi vivre, [étant ordinairement très mal payé] ; mais vous le verrez se priver du nécessaire, vendre, mettre en gage ce qu’il a de plus précieux, et cela pour avoir de quoi faire marcher devant lui un cheval de main, deux grands drapeaux, sept petits pavillons, des tambours, fifres, flûtes et trompettes, une douzaine de pions qui, au défaut de fusils porteront des bâtons revêtus de drap rouge.

Vous me demandez ce que cela veut dire. Il faut savoir que les fusiliers ou du moins une partie de ceux qui vont devant les nababs et les principaux officiers, ont leurs fusils couverts d’un foureau de drap rouge ou autre couleur. Cela frappe la vue et en impose. [Ces fusils sont censés des armes précieuses appartenant au maître.] Ceux qui n’ont pas le moyen d’avoir des fusils prennent des bâtons, cela revient au même. En effet qui prendra la peine d’examiner ce que le foureau cache ? D’ailleurs ceux qui ont des fusils n’ont