Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/262

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à la première nouvelle de l’approche des Anglois auroit pu donner mauvaise idée de nous aux gens du pays ; d’ailleurs nos rameurs étoient résolus de ne pas passer Bénarès. Là dessus, je me rendis bien escorté chez le raja et lui représentai qu’en montant plus haut nous exposerions son pays à être insulté par les Anglois, que s’il lui arrivoit quelque malheur, on pourroit nous reprocher de l’avoir abandonné mal à propos. Sur quoi, je lui dis que nous étions décidés à aller au devant de l’ennemi, que cependant, comme il n’ignoroit pas que notre nombre étoit très inférieur[1] à celui des Anglois, nous espérions qu’il voudroit bien nous donner douze à quinze cens hommes, à l’aide desquels nous les repousserions, qu’au surplus si ce parti ne lui convenoit pas, nous n’en avions point d’autre que celui de rester où nous étions, puisque nos rameurs ne vouloient pas monter plus haut. L’endroit où notre flotte étoit retirée étoit asses propre à recevoir l’ennemi ; on n’auroit pu nous forcer que difficilement.

Le raja répondit qu’il étoit disposé à faire tout ce qui me feroit plaisir, excepté de me permettre de rester à Bénarès, ville ouverte de tous les côtés ; que puisque je ne jugeois pas à propos de m’éloigner de lui, il me conseilloit de renvoyer tous nos

  1. [Nous ignorions absolument de quelle force pouvoit être le détachement que commandoit le major Coote détaché pour nous enlever ou nous poursuivre.]