Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/263

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bateaux qui occasionnoient une dépense inutile et de me rendre à une cosse au dessus de Bénarès où je trouverois un endroit propre à passer la mauvaise saison, que pour lui, il iroit chasser les Anglois, et me remit à vingt-quatre heures pour donner ma réponse.

Dans cet intervalle, je fus voir un certain Pyr très renommé dans Bénarès, son nom est Chekmahmet aly. Il étoit autrefois auprès du vizir Mensouralikhan ; l’empereur se faisoit même un honneur de lui rendre visite de tems en tems. En effet c’est un homme qui paroit très respectable, je ne lui connois d’autre défaut que celui d’être persuadé qu’il n’en a pas. Il fallut pour le coup moraliser. Le saint personage, prenant son sujet des malheurs qui nous étoient arrivés, me fit un sermon qui feroit honneur à nos meilleurs prédicateurs. Comme cet homme étoit consommé dans les affaires, je le priai de me dire son sentiment sur les propositions du raja. Il me dit en particulier qu’il ne croyoit pas que les Anglois fussent sur le point d’entrer dans le pays, que les propositions du raja étoient bonnes, mais que je devois me tenir sur mes gardes, que je me trouvois dans un pays de gentilité où la mauvoise foy régnoit ; qu’il me conseilloit enfin de garder mes bateaux.

L’homme du raja chargé d’avoir ma réponse me proposa le lendemain de la part de son maître de me transporter avec lui chez ce même Pyr où j’avois été. J’y fus. Après bien des discussions, il