Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/274

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ses pas de manière à persuader qu’il étoit plus ami de l’homme que l’homme même.

Aussitôt mon arrivée, je m’adressai à Mahmoudcoulikhan pour avoir audience du nabab, comptant que cela ne souffroit pas difficulté, surtout après les lettres que j’en avois reçues. Mais je me trompois. Mahmoudcoulikhan, quoique parent du nabab, n’avoit pas autant de crédit qu’un certain Tamkimkhan, eunuque, qui étoit chargé de presque toutes les affaires. Cet homme s’imaginant qu’une visite aussi extraordinaire que la mienne devoit être accompagnée de beaucoup de présents voulût qu’elle se fit par son canal. J’attendis patiemment sept ou huit jours par complaisance pour Mahmoudcoulikhan que j’avois des raisons de ménager ; à la fin, voyant que je perdois mon tems, je pris congé de lui et fis dire à Soudjaotdola que je m’en retournois. En effet, je partis. Je n’eus pas fait deux cosses que je vis venir après moi des cavaliers précédés de plusieurs Chotoz-Servars qui alloient à toute bride. C’étoit un officier de distinction que le nabab et Tamkimkhan m’envoyoient pour me faire des reproches de ce que je me retirois ; et pour me prier de revenir ; je fis des reproches à mon tour, on m’assura que le nabab n’avoit pas été instruit à tems de mon arrivée ; je fis le difficile, mais il fallut retourner à Laknaor. Me voilà donc sous la direction de Tamkimkhan qui me donna le jour même le mesmani de la part du nabab c’est-à-dire un grand