Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/276

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les petits présents que j’apportois. Il me recommanda particulièrement à son favori qui fût chargé de me dire bien des choses. Ayant beaucoup entendu parler de sipayes, il fallut les lui présenter et leur faire faire le maniement des armes, dont ils s’acquittèrent assés mal ; mais nous n’avions pas de contrôleurs, tout devoit être admirable, surtout à une première visite ; les attars, les serpaux parurent ensuite, ce qui procura un grand divertissement [au nabab] par la figure comique que nous devions avoir sous cet habillement ; après quoi nous nous retirâmes.

Je me trouvai le même jour tête à tête avec Tamkimkhan qui me fit part des intentions du nabab. Ce seigneur avoit des desseins, mais il n’étoit pas encore tems de les exécuter. Il falloit pour cela mettre un certain ordre dans ses états, s’assurer du côté du vizir, et ménager des intelligences dans le Bengale. On devoit faire pour cela la plus grande diligence ; mais encore cela demandoit du tems. Ainsi, dit le ministre, il faut que vous vous décidiez à rester avec nous, faites venir le monde que vous avez à Eleabad, la générosité du nabab, suppléra à tous vos besoins, et vous pouvez compter qu’on viendra à bout de vous rétablir dans le Bengale. Tamkimkhan auroit du ajouter, autant que cela sera compatible avec les intérêts de mon maitre. Mais c’est une chose qui doit être toujours sous-entendue ; ainsi Tamkimkhan s’expliquoit assés clairement, je dois savoir à quoi m’en tenir.