Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/314

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pendant son absence. Quelques mauvaises que soyent ces raisons, néanmoins si ces pauvres femmes sont réellement persuadées de leur solidité, il faut avouer qu’elles forment ensemble un puissant motif. Tout cela est bon pour celles qui sont enthousiasmées de leur mari ; mais comme dans le grand nombre des femmes qui se brûlent, il en faut compter quelques unes qui, peut-être, ont toujours été très peu sensibles à l’amour conjugal, semblables à celle dont parle M. de Voltaire qui, très disposée, d’ailleurs, à se brûler, ne voulut plus y consentir, dès qu’on lui fit entendre qu’elle alloit joindre son mari. Il faut bien que quelque autre motif les engage à ce sacrifice. Aussi Messieurs les brames ont-ils soin d’étudier le caractère de la femme, ses inclinations ; l’honneur de la famille intéressé à ce que cette femme se brûle, porte les parens à ne rien cacher aux brames. On n’a garde de lui parler de son mari, ou si on lui en parle, c’est pour lui faire espérer qu’elle le retrouvera tel qu’elle pourroit le souhaitter, tant par la figure que pour le caractère, qu’elle jouira d’un bonheur éternel, dont on explique les détails de la manière à l’enchanter. On lui représente l’honneur de sa famille, le sien, la disgrâce, l’infamie dans laquelle elle doit passer ses jours si elle ne se brûle pas, les malheurs qui l’attendent ; de sorte que cette pauvre créature n’est bientôt plus à elle même, son imagination est enflamée par tout ce qu’elle entend ; l’amour quelquefois, mais plus souvent