Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/346

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à son service, ce seroit une marque de mécontentement, qui tourneroit au préjudice de cet homme, parce qu’il seroit censé, dès lors, disgracié. Si on refuse le nazer d’un étranger, c’est lui dire : je ne veux pas de vous. C’est dans le dorbar qu’on reçoit les placets, qu’on traite souvent les affaires les plus importantes, et l’éloquence y brille quelque fois autant que dans notre palais. Si l’affaire demande à être traitée en secret, on congédie l’assemblée, et le dorbar se change en divan, ou bien le seigneur passe dans l’appartement du conseil qu’on nomme divan kana. Lorsque le tems du dorbar est passé, le maître se retire dans son sérail, ou bien quelques favoris restent pour lui tenir compagnie. Il y invite aussi ceux qu’il juge à propos. Pour lors, il permet aux plus distingués de faire apporter leurs hokkas. Il donnera quelquefois le sien à fumer, et prendra celui d’un autre. C’est la plus grande marque de faveur qu’on puisse donner. Il fera venir des musiciens, des danseurs, danseuses, et pendant tout le spectacle, auquel il n’est pas du bel air de donner beaucoup d’attention lorsqu’on est devant son supérieur, la compagnie s’entretient de nouvelles, de mille choses assez indifférentes par elles-mêmes, mais qui donnent à l’esprit occasion de briller et de faire des complimens qu’on a grand soin de n’adresser qu’au maître. Si on est entre égaux, on s’en fait réciproquement. L’encens est si fort qu’il y auroit de quoi tourner la tête à un Européen, mais comme les Maures y