Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/359

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des principaux lamas, ils jouissent d’un droit despotique sur toutes les consciences. Les lamas inférieurs sont aussi en grande vénération, c’est à eux qu’on s’adresse dans la maladie. On leur porte une tasse qui contient de la farine, ou quelque autre chose, sur quoi ils crachent et se mouchent avec les doigts, le tout est bien mêlé, et compose un remède qui doit opérer la guérison du malade à moins que le destin n’en ait autrement ordonné.

La plupart des castes se font brûler après leur mort. Il y en a une qui enterre les morts. On fait une fosse profonde ; on y met le mort, et la femme vivante par dessus, si elle veut suivre son mari ; on rejette promptement la terre dans la fosse, de sorte que la femme est bientôt étouffée. Il y a un autre caste qu’on peut appeller les charitables. Ceux-ci ne se contentent pas d’avoir été charitables envers les animaux pendant leur vie, ils veulent encore l’être après leur mort. Ils se font porter dans un endroit particulier, où l’on paye des gens pour les couper par petits morceaux. On leur ouvre d’abord tout le corps pour en tirer le cœur, les poumons, les intestins, etc. qu’on brule ; après quoi ces gens, ayant coupé les chairs par morceaux, font un cri particulier pour appeller les chiens qui ne manquent point de venir, au nombre de deux cent quelquefois, pour faire la curée. Les os étant bien décharnés par ces chiens, on les prend et on les réduit en une poudre gros-