Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/358

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au peuple, et n’en a pas qui veut. Ils mêlent ces ordures avec un peu de musc, et ce mélange est chez eux la médecine universelle. En avalant un peu de cette drogue, ils se croyent guérir. On en transporte dans tous les pays de sa domination, où elle est regardée, non seulement comme médecine, mais encore comme une relique précieuse.

La tradition est que le grand lamas ne meurt jamais, ou plutôt c’est un phœnix qui renait de sa cendre. En effet, lorsqu’il est mort, on le brûle avec des bois aromatiques, comme sandal, canel, bois d’aloës, etc. On ramasse ses cendres pour être mises dans une urne enrichie d’or et de pierreries que l’on expose à la vénération des grands et des petits qui viennent se prosterner devant cette relique, et lui rendre leurs devoirs. Pendant ce tems, les quatre premiers lamas, qui sont les seuls initiés aux mystères, font parroitre un enfant qu’ils ont endoctriné. Cet enfant est produit en public. Les lamas lui font quelques questions auxquelles il répond ce qu’on lui a appris ; et aussitôt ces lamas se prosternent à ses pieds, assurant que c’est le véritable Grand Lamas qui a été reproduit des cendres du défunt. On ouvre l’urne ; on n’y trouve rien. Notez que cet enfant cite quelques particularités qu’il a apprises par cœur, de la vie du défunt et que le public sait, sur quoi le peuple s’empresse à le reconnoitre pour grand lamas. Après la mort de celui ci, on lui substitue pareillement un autre enfant, et par cette pieuse fraude