Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/362

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passage dans le Bengale, étoit remonté à Dehly aussitôt [après] la retraite du Patane. Furieux contre tous ceux qu’il croyoit avoir eu part à cette incursion, il avoit fait trancher la tête à quelques seigneurs et tenoit Alemguir son maitre plus serré que jamais. Le prince Alygohor, fils ainé de l’empereur et son héritier présomptif pouvoit à peine lui parler. Ce n’étoit pas assés pour se venger d’Abdaly ; le vizir avoit fait venir une armée de plus de cent mille Marates, commandés par Olkarmollar, le plus grand général qu’il y ait eu alors, sans contredit, dans l’Indoustan, qui eût ordre de porter la guerre dans les états d’Abdaly. Probablement c’étoit là le projet pour lequel le vizir me pressoit tant de l’aller joindre.

Les Djates, peuple dont j’ai déjà parlé, craignant presqu’autant le voisinage des Marates que les incursions d’Abdaly, avoient, dit-on, offert leurs services au vizir, mais en avoient été refusés, ce qui leur tenoit d’autant plus à cœur que les Marates en traversant leur pays avoient commis Février 1758.      bien des désordres. Le vizir d’ailleurs leur avoit donné de nouvelles concessions jusques aux portes de Dehly, par lesquelles les pauvres Djates se trouvoient comme bridés. Mais que faire ? Les Marates étoient trop puissants ; le meilleur parti étoit de prendre patience. Leur système de politique gentile trouvoit d’ailleurs son avantage dans les opérations du vizir ; ils aimèrent donc mieux souffrir quelque tems que