Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/365

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nouvelle de Pondichéry, que la Providence m’ayant fait avoir de l’argent du Bengale, j’avois pris le parti de quitter Eleabad où je perdois mon tems et que j’allois joindre le vizir, qui, étant en correspondance avec M. de Bussy, pourroit me donner de ses nouvelles, que cependant j’étois inquiet de savoir ce que contenoient les lettres dont il étoit porteur et que je serois charmé de le voir. Je fis partir tout de suite le même pion sans lui donner le tems de parler à ses camarades. Zoulfekaralikhan l’avoit suivi de près, de sorte que ma lettre lui fut remise le même jour. Persuadé que je n’étois instruit de rien, il vint me trouver et me conta toutes les peines et fatigues qu’il n’avoit assurément pas essuyées pour nos intérêts. Malgré cela, je fis semblant d’être persuadé de la vérité de tout ce qu’il me disoit.

Zoulfekaralikhan n’approuva pas ma résolution de prendre la route détournée et me remit plusieurs lettres, entre autres une du vizir, dans laquelle, après bien des compliments et des promesses, on me prescrivoit en effet la route d’Agra où je devois trouver des députés du vizir pour m’accompagner ; mais ces lettres me parurent contrefaites, je ne reconnus point la chape du vizir. Probablement le vieux renard avoit pris des engagements avec quelques chefs Djates, au moyen desquels je me serois trouvé pris comme dans un piège. Quoiqu’il en soit, je parus indécis à Zoulfekaralikhan qui le lendemain revint à la charge. Nous quittions