Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/366

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précisément ce jour là la grande route. Le bonhomme fit pendant quatre ou cinq jours tout ce qu’il put pour vaincre mon obstination ; mais voyant son éloquence inutile, il cessa de me presser et tourna adroitement la conversation sur les affaires du tems. « Vous allez vous trouver bien embarrassé, me dit-il après un long préambule, tout est confusion dans Dehly et le vizir est si pauvre que vous aurez beaucoup de peine à tirer un sol de lui. Les Marates volent et saccagent de tous les côtés. Dieu veuille qu’il ne vous arrive pas d’accident ; mais à dire vrai, je ne sais ce que vous ferez de ces côtés là. Le vizir n’a aucune vue déterminée sur vous. »

On peut dire que Zoulfekaralikhan par ces propos mentoit en disant vrai ; effectivement, la suite a bien fait voir que je n’avois rien à espérer du vizir ; mais Zoulfekaralikhan ne pouvoit prévoir ce qui est arrivé ; il pensoit le contraire de ce qu’il disoit et n’avoit d’autre but que celui de m’éloigner du vizir.

Mais, lui dis-je d’un air surpris, quel remède à cela ? me voici à moitié chemin de Dehly, il seroit peut-être dangereux de retourner sur mes pas ? Eh bien, répliqua Zoulfekaralikhan après un retour en lui-même : « Il me vient une idée qui pourroit vous tirer d’embarras ; je connois les principaux chefs des Patanes Rouclas qui sont ici près, ce sont d’honnêtes gens, puissamment riches, ils seront charmés de vous avoir avec eux. » Notez