Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/373

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à gué la rivière Calini, nous campâmes sur ses bords. Jusque là tout alloit bien. Je m’imaginois que Dourdjousingue ne pensoit plus à nous. Sur le soir, j’eus avis de certains bruits répandus dans le camp par les barbier de l’endroit, car dans tous les pays les barbiers sont ceux qui savent le plus de nouvelles. Cet homme avoit fait entendre à plusieurs personnes que notre marche prochaine ne seroit pas si tranquille que nous l’espérions, qu’il y avoit un fort à quelques cosses de là, où nous serions arrêtés, que d’ailleurs Dourdjousingue avoit ramassé toutes ses troupes dont on faisoit monter le nombre à plus de dix mille cavaliers, qu’il devoit fondre sur nous et nous envoyer prisonniers à Souradjemolle. Cela ne nous empêcha pas de passer la nuit fort tranquillement. Je me contentai de faire faire bonne garde et d’ordonner la générale pour les deux heures du matin, afin de profiter du clair de lune et d’arriver au fort vers la pointe du jour.

En conséquence, tout fût prêt vers les trois heures du matin, les équipages commençoient à défiler lorsque je vis paroître un cavalier de la part de Dourdjousingue qui me signifia un ordre de m’arrêter, ajoutant que son maître le suivoit, extrêmement courroucé de ce que je passois ainsi sur ses terres sans payer les droits des effets que j’avois avec moi. Notez que, pendant notre séjour à Hensary, il n’avoit été question ni de droits ni d’effets, mais on avoit bien remarqué nos cais-