Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/375

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me fit croire que c’étoit un coup de pierre ; je ne m’apperçus de la balle que le soir en me débottant.

Nous voulions reprendre le grand chemin, lorsque nous apperçûmes à une assés grande distance derrière nous plusieurs corps de cavalerie et beaucoup de gens de pied qui paroissoient nous en vouloir. C’étoit Dourdjousingue lui même, qui, à la tête de ses troupes, s’étoit mis à nous poursuivre dans l’espérance de tomber sur nous lorsque nous serions occupés contre le fort. Nous ne pouvions dire à combien de monde nous allions avoir à faire. Des cavaliers, détachés à droite et à gauche, sembloient vouloir nous entourer ; d’autres galoppoient à toute bride et prenoient les devants comme pour donner le mot à d’autres troupes que nous pouvions supposer mises en embuscades. Les Djates n’avoient jamais vu d’Européens. Qui ne connoit pas le danger le craint peu ; d’ailleurs ils ne voyoient point de cavalerie parmi nous et l’on sait que les Indoustans ont le plus grand mépris pour les gens de pied ; tout cela nous donnoit lieu de croire qu’ils fonceroient sur nous de tous côtés et que l’affaire seroit des plus vives ; nous fîmes nos dispositions en conséquence.

Nous n’avions de monde précisément que ce qu’il falloit pour garder nos équipages qui étoient dix fois plus étendus qu’ils n’auroient du l’être pour un détachement comme le nôtre. En partant de Patna, nous avions mis sur les bateaux tout ce