Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/378

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leur. Ils ont donc soin de se bien garotter les cuisses avec ces courroyes, de sorte qu’il ne leur est pas possible de tomber tout à fait de cheval ; s’ils ont le malheur d’être blessés à mort, de quelque façon qu’ils tombent, ce qui est presque toujours sur le col du cheval, l’animal les tire de la mêlée et les emportent à leur camp. Cette coutume, dira-t-on, n’est pas sensée, puisqu’il peut tout aussi bien arriver que le cheval soit tué sans que le cavalier ait la moindre égratignure, et, pour lors, à quoi n’est-il pas exposé ? S’il sauve sa vie, il court risque d’être pris et peut-être se casser cuisse ou jambe, ne pouvant se dégager promptement. En effet, si les Indoustans avoient souvent à se battre avec les Européens, ils pourroient bien je crois, perdre cette coutume, mais il faut remarquer qu’entre deux armées indoustanes qui sont aux prises, le feu soit du canon soit de la mousqueterie est très peu de chose. L’infanterie ne se bat presque pas. Mille hommes de pied, armés comme il vous plaira, ont droit de fuir devant cent cavaliers et se croyent fort heureux de leur être échapés. C’est la cavalerie qui fait tout, et cela souvent sans fusils ni pistolets. La lance, le sabre, la flèche sont les armes les plus ordinaires, de sorte que dans un combat opiniâtre, où il y aura, je suppose, six mille hommes tués de part et d’autres, il n’y aura peut-être pas cinq chevaux abattus.

Je reviens à Dourdjousingue. Ayant remarqué qu’il n’étoit pas si aisé de nous faire peur, et que