Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes ses attaques ne servoient qu’à lui faire perdre beaucoup de monde, il jugea à propos de se tenir hors la petite portée de canon et prolongea sa cavalerie à droite et à gauche, d’où de tems en teins partoient des gens armés de fusils qui, à grand galop venoient faire leur décharge sur notre colonne. Il envoya aussi une grande partie de ses fusiliers s’embusquer dans les creux, les broussailles qu’on trouvoit en quantité sur le chemin, d’où ils nous canardoient ; ils espéroit par là vaincre notre opiniâtreté dans une marche fort longue où l’ardeur du soleil étoit d’autant plus insupportable que l’eau nous manquoit. Heureusement nous n’eûmes pas longtems à souffrir de la soif ; nous savions que la rivière Calini ne devoit pas être éloignée de notre droite. Nous nous en approchâmes, et nous en reçûmes un double avantage, car, n’étant guéable que dans quelques endroits, elle servoit à nous couvrir. Notre gauche étoit toujours exposée. Nous remédiâmes à cela en détachant de petits corps de sipayes avec deux ou trois Européens à leur tête qui, se tenant à une certaine distance de la colonne empèchoient le cavalier ennemi de s’approcher assés pour que son coup de fusil fit effet. Car c’est ce que nous craignions de plus, à cause de nos bœufs de trait et de charge.

Nous appercevions cependant que le nombre des ennemis augmentoit. Nous arrivâmes à un passage fort resserré entre la rivière et un gros bourg