Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/381

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nous fûmes sur le point de marcher pour y mettre le feu, mais le danger étoit passé et, réflexions faites, nous crûmes qu’il étoit plus à propos de l’éviter que de le chercher.

Sur les cinq heures du soir, comme l’ennemi paroissoit rebuté, un sergent à la tête de quelques grenadiers et sipayes qui couvroient notre gauche, appercevant trois cavaliers qui caracoloient et s’approchant de très près sembloient le défier au combat prit avec lui quatre soldats et s’écarta plus que l’ordre ne portoit. Les cavaliers caracolant toujours firent mine de foncer. L’un d’eux reçut un coup de feu dont il tomba sur le col du cheval qui l’emporta. Les deux autres le suivirent et gagnèrent le village que nous avions dépassé où étoit Dourdjousingue avec toute sa troupe. Nous comptions qu’il s’en tiendroit là et que nous serions désormais tranquilles. Probablement il en eût été ainsi sans l’arrivée des trois cavaliers dont l’un qui étoit tué étoit proche parent de Dourdjousingue, à ce que nous sçûmes le lendemain. Dourdjousingue donnant les marques du désespoir le plus vif, les plus braves de ses troupes se dévouèrent aux mânes de son parent ; pas un ne devoit revenir ou nous devions tous être exterminés. En effet, un moment après que nous eûmes perdu de vue les trois cavaliers, nous vîmes partir de ce village un corps d’environ cent cinquante cavaliers, suivi d’un autre beaucoup plus considérable, lesquels venant à toute bride sembloient en vouloir