Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/385

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dans les états d’Abdaly où il mettoit tout à feu et à sang du côté de Lahore. Ce général eut ordre de Baladjirao, ou plutôt, comme les Marates disent, du Nana, de retirer du vizir Ghazioudinkhan dix sept laks de roupies pour le chote que Mirdjaferalikhan, soubadhar du Bengale, se trouvoit lui avoir payé pour le compte des Marates ; il écrivit en conséquence au vizir qui étoit resté à Dehly. Ce ministre, ayant tant fait pour les Marates, s’imaginoit qu’on ne le pousseroit pas à bout sur cet article, surtout dans un tems où il les avoit lui même appellé au service de l’empereur ou plutôt au sien ; par là il croyoit leur avoir procuré l’occasion de gagner bien au delà de dix sept laks. Il refusa net de payer la somme. Olkarmollar détacha aussitôt un des chefs qui étoient sous ces ordres, avec cinq mille cavaliers pour obliger le vizir à payer. Hitelrao — c’étoit le nom de ce chef — étant arrivé à Dehly et trouvant le vizir inflexible, crut devoir l’inquiéter en lui suscitant des affaires dans le palais même de l’Empereur ; pour cet effet, il fit parler au chazada Alygohor et trouva le moyen de le faire évader de la forteresse. Ce prince avoit beaucoup d’amis dans la ville ; quoique poursuivi par les gens du vizir, il eut le bonheur de se rendre au camp d’Hytelrao. Cela c’étoit passé le jour même de notre affaire avec les Djates. Hytelrao, pour inquiéter le vizir, fit courir aussitôt le bruit qu’il alloit conduire le prince dans le Bengale et en effet il se mit en marche.