Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À mon arrivée à Sikandra, j’appris qu’il descendoit un corps de troupes avec un chazada, mais j’ignorois la moindre particularité et je ne pouvois rien comprendre à la conduite des Marates : Hytelrao de son côté, ayant sçu que nous étions fort près, m’envoya avertir de la part du prince de l’attendre ; il m’écrivit lui-même qu’il n’ignoroit pas les raisons qui m’amenoient à Dehly (Olkarmollar, en effet pouvoit bien lui en avoir parlé), qu’il étoit sur le point d’exécuter un projet aussi avantageux pour nous que pour lui. Le porteur de la lettre étoit chargé de me dire en gros de quoi il s’agissoit et de m’engager à joindre le prince ; je répondis que j’attendrois, et que dans la visite que je comptois faire au prince, je ferois savoir à quoi je me déterminois. Cela me donnoit vingt quatre heures pour le moins à réfléchir sur ce que j’avois à faire. Je pris mon parti sur les raisons suivantes.

Mon voyage étoit du aux pressantes sollicitations du vizir qui m’avoit promis mont et merveilles. Je lui avois écrit deux ou trois fois chemin faisant, et je lui avois même envoyé la lettre de M. de Bussy ; cependant je n’avois pas encore reçu de lui aucune réponse. Mes arcaras étoient revenus en partie et leur rapport m’avoit fait naître bien des soupçons contre le vizir. Ces titres, ces honneurs cet argent surtout que je devois trouver sur ma route, tout étoit encore dans les espaces imaginaires. Il n’y avoit même aucune espérance d’en