Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/388

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c’est à dire qu’il étoit fugitif et manquoit d’argent.

Dès la première enceinte on voulût me désarmer, suivant la coutume, ainsi que les personnes qui m’accompagnoient ; Hytelrao m’en avoit bien prévenu, mais j’étois résolu de ne m’y point conformer. Sur quoi, il y eut quelques petites altercations qui ne durèrent pas long tems. Il vint un ordre de nous laisser entrer comme je voudrois. À peine pouvions nous apercevoir le prince, qu’on commença à nous faire faire les révérences à la mode du pays. Après quoi, marchant d’un pas grave, je fus présenter mon nazer et prendre la place qu’on m’avoit désignée. Je trouvai le chazada très mal logé. Il étoit placé sur un vieux fauteuil doré, extrêmement large et ovale, un peu plus élevé que ne sont les nôtres. C’est le siège des princes de la famille royale qui seuls ont le droit d’être assis en présence de l’empereur, du moins lorsqu’il paroit en cérémonie, encore sont-ils placés à une petite distance derrière le trône, et si l’empereur vient à tourner la tête, ils se lèvent. Derrière le fauteuil du prince étoient les principaux officiers de sa maison, parmi lesquels il y a toujours beaucoup d’eunuques, gens pour la plupart d’une très vilaine figure, impertinants à l’excès, et qu’il faut cependant ménager, parcequ’ils ont l’oreille de leur maître. D’un côté du fauteuil étoit debout Hytelrao, moi et tous ceux qui m’accompagnoient, de l’autre quelques uns des principaux officiers de