Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/4

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de Bussy dans le Décan, la chute encore toute récente de Dupleix, l’épisode du Trou Noir, la bataille de Plassey, les révolutions du Bengale, tout donnait aux événements de l’Inde un extraordinaire retentissement ; en ces événements, l’épopée confinait presque partout à l’histoire et l’invraisemblable était une réalité. Les imaginations étaient surprises et confondues tout à la fois et les hommes politiques eux-mêmes n’entendaient rien à des révolutions que l’humiliation séculaire des Européens devant les Mogols ou les Maures ne pouvait faire pressentir aux esprits même les plus avisés. Dans la disgrâce de Dupleix, il y eut moins de haine que d’ignorance.

Lorsque Law arriva en France peu de temps après ces événements, il était naturel que pour satisfaire une curiosité légitime, le ministre lui demandât un récit de ses aventures et des circonstances au milieu desquelles elles s’étaient produites. Law, qui aimait à écrire et écrivait fort bien, n’hésita pas un instant à satisfaire à des désirs qui auraient pu être des ordres et il écrivit à l’usage de M. Bertin un volumineux rapport[1].

  1. Bertin (Henri-Léonard-Jean-Baptiste), né en 1719, après avoir été successivement intendant du Roussillon, de Lyon (1754) et lieutenant général de police (1757), avait été nommé le 23 novembre 1759 contrôleur général des finances. Il le demeura jusqu’au 13 décembre 1763. Une fois par mois, le contrôleur général devait se rendre à l’hôtel de la Compagnie pour présider une des « assemblées d’administration », tenue chaque semaine par les Directeurs en présence des Commissaires du Roi (Weber. La Compagnie française des