Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/419

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incommodité pour un voyageur vient de la quantité de choquis [ou douanes] établis dans le pays sur les chemins et le long des rivières. Ce sont les douanes dont les officiers exigent toujours plus que l’ordonnance, et qui sont impertinents à l’excès ; si on ne leur donne rien, on est presque sûr d’être insulté. Nos soldats européens qui courent le pays, craignent ces sortes de gens ; ils s’embarrassent peu des voleurs qui n’attaquent jamais que lorsqu’il y a du butin à faire. Comme ces soldats vagabonds sont fort sujets à s’enivrer, il leur arrive presque tous les jours quelques scènes fâcheuses, des disputes, des batteries, où ils sont souvent bien étrillés ; mais pour éviter les inconvénients autant qu’il est possible, ils se déguisent en Maures ou même en Gentils, c’est à dire que sous la toque ils conservent au milieu du crâne un petit toupet de cheveux longs. S’ils ont affaire à des Gentils, ils tirent la toque et se disent brames en montrant le toupet ainsi que le cordon. Cela fait qu’on a quelques égards pour eux.

Je conseillerois aussi à un Européen, qui voyageroit sans se déguiser, de porter toujours perruque. Plus d’un soldat ou officier même ont du leur vie à cette chevelure artificielle qui n’est pas connue dans beaucoup de parties de l’Inde. En voici un exemple dans l’un des officiers de notre détachement nommé M. Jobard. Il revenoit de Bettia pour me rejoindre à Eleabad. Comme il vouloit traverser le Gange, il s’adressa au choquis pour