Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/420

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avoir un bateau. On le fit attendre plus d’une heure. Impatient, il voulut parler au chef des choquis qui, après une réponse insolente, donna ordre à ses pions de le chasser. M. Jobard, outré de cette indignité, et ne voulant pas permettre à une cinquantaine de gueux qui étoient là, de mettre la main sur lui saute sur le chef et lui met le pistolet sur la poitrine. Le djamadar des pions saute en même tems sur M. Jobard qu’il prend par la queue de sa perruque et la lui arrache, avec un effort dont il tombe lui-même à la renverse. Cet homme tenant les bras élevés dans la plus grande surprise croyoit avoir emporté le crâne de M. Jobard. Tous les pions se regardaient, ne pouvant rien comprendre à un événement aussi singulier. Mais le chef qui voyoit toujours M. Jobard le tenir fortement au collet, malgré la perte de ses cheveux, et qui craignoit d’être la victime de cette affaire, ordonna bien vite à ses gens de se retirer, sur quoi M. Jobard quitta prise. Le chef interdit fit ses excuses, rendit la perruque après l’avoir bien examinée et conduisit lui-même M. Jobard au bateau ; si cet officier avoit eu ses cheveux, il auroit été probablement assommé.