Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/429

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de sa bourse pendant tout ce tems, mais qu’on se rappelle l’embarras où je me suis trouvé à Eleabad. Le cas m’est arrivé plusieurs fois depuis, par l’impossibilité où l’on étoit de me faire passer à tems l’argent qu’on vouloit bien me promettre. J’avois dans le Bengale un correspondant sur la fidélité et l’exactitude duquel je pouvois assurément me reposer. C’étoit Madame Law qui étoit à Chinchurat, établissement hollandois. Si les secours avoient pu partir de là directement, elle eût trouvé moins de peine, mais ceux qui étoient le plus portés pour nous n’y demeuroient pas. Il falloit souvent s’adresser à des personnes qui en étoient très éloignées. Sa maison étoit d’ailleurs entourée d’espions ; presque tous les banquiers étoient dévoués aux Anglois. Comment pouvoir conduire en pareil cas une affaire avec le secret nécessaire pour la réussite ? c’est à quoi elle parvint cependant, à l’admiration même de nos ennemis, qui ne pouvoient comprendre l’adresse avec laquelle elle savoit se dérober à leurs recherches.

Malgré tous ses soins, il n’étoit pas possible que des opérations aussi gênées ne souffrissent quelques fois des retardements qui auroient pu être préjudiciables, surtout dans des moments critiques tels que ceux qui sont fixés pour la paye du soldat. Deux ou trois jours de retard ne sont rien ; mais comment renvoyer cette paye à deux ou trois mois dans une position telle que la nôtre, aussi éloignés de tous nos établissements. Autant dire au soldat