Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/428

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me mêler de ces disputes, qui probablement m’auroient payé mes dépenses ; mais c’est ce que je ne voulois faire qu’à la dernière extrémité. J’avois le Bengale en vue, j’aurois été au désespoir d’être hors d’état d’y marcher à la première sommation ; d’ailleurs comment tenir la campagne pendant toute la saison des pluies ? ce qui n’est rien pour les gens du pays, qui sont habitués à être sous la toile en tous tems, auroit été insupportable à nos Européens. Je pris donc le parti de me débarrasser de ces importunités le mieux que je pouvois, et sans choquer personne et ce ne fut pas sans peine et sans exciter de la jalousie, quelque fois même dans l’esprit d’Indoupot.

Difficultés financières.

Un de mes premiers soins fut de lier connoissance avec quelques saokars de l’endroit, gens d’ordinaire asses prévenants, lorsqu’il n’en coûte que des paroles. Plusieurs vinrent me voir entre autres un nommé Bodjemat Termokdjy qui, ayant parcouru le Dékan, avoit eu occasion de connoitre M. de Bussy, mon frère et quantité d’officiers françois ; il m’offrit ses services que je reçus avec la plus grande satisfaction. Je regardois ce saokar comme un homme envoyé du ciel, pour nous tirer des embarras où je prévoyois que nous pourrions tomber. En effet, sans lui je ne sçais comment j’aurois fait pour nous soutenir pendant plus de dix huit mois. Ce n’est pas que nous ayons vécu