Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/447

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bien résolu de ne plus [s’exposer à] tomber entre les mains de son plus cruel ennemi. L’empereur son père étoit toujours étroitement serré ; malgré cela le prince avoit trompé la vigilance du vizir par le moyen de quelques eunuques et avoit reçu plusieurs lettres par lesquelles son père ne le regardoit plus seulement comme son héritier présomtif mais comme empereur, se désistant en sa faveur de tous les droits de souveraineté, dont au surplus, disoit-il, il n’étoit pas en état de jouir par l’espèce d’esclavage dans lequel on le retenoit. Je me souviens qu’un jour le prince fit apporter une de ces lettres pour me la faire voir et à un autre de ses officiers ; je fus frappé de l’air respectueux avec lequel le prince la reçut. Dès que le porteur parut à l’entrée de la tente, le prince se leva, tendit les deux mains sur lesquelles on posa la lettre. Le prince la porta tout de suite à son front, après quoi, s’étant assis, il en fit la lecture.

Le détachement quitte Choterpour pour rejoindre le chazada.

Le prince passa quelques jours aux environs de Dehly, tantôt d’un côté tantôt de l’autre, pendant lesquels il assembla autant de monde qu’il lui fut possible. Il s’étoit d’abord adressé au chef patane Nadjeboutdola, bockchir de l’empire comptant sur des secours de sa part ; mais cet omrah, ne voulant pas se brouiller avec le vizir, avoit refusé d’entrer dans les vues du prince. Ce fut à peu près