Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/466

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beaucoup de méfiance de part et d’autre, mais surtout de la part du raja qui s’imaginoit que nous pourrions bien avoir dessein de le prendre en queue pendant que le chazada et Mahmoudcoulikhan le chargeroient en tête. Il fit mettre son armée sous les armes, la cavalerie prête à foncer ; nous ne savions trop à quoi tout cela aboutiroit ; nous passâmes cependant sans coup férir ; on nous pria instamment de nous éloigner ; [nous ne demandions pas mieux]. Nous nous tînmes sur nos gardes jusqu’après avoir dépassé la forteresse Chenargor, et nous fumes camper au grand Mirzapour, où je voulois attendre des nouvelles du Bengale.

Je députai aussitôt une personne de confiance auprès de Soudjaotdola ; on la questionna sur tout ce qui étoit arrivé. Elle eut audience particulière de Soudjaotdola et de son ministre Gakouskhan, [eunuque qui avoit succédé à Tamkimkham]. Ils parurent extrêmement piqués contre Mahmoudcoulikhan. Soudjaotdola vouloit, disoit-il, laver dans son sang l’affront qu’il prétendoit avoir reçu et m’écrivit pour m’engager à me rendre auprès de lui, promettant de fournir tout ce qui nous seroit nécessaire et faisant entendre qu’il iroit lui même dans le Bengale, après avoir terminé quelques affaires avec le vizir. Mais mon parti étoit pris. Je ne voyois de tous côtés que trahison, d’ailleurs mon but unique, et le seul que je devois avoir après les ordres que j’avois reçus de M. de Leyrit, étoit d’être utile à ma nation, or je voyois claire-