Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/472

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ment entre le gouvernement principal et les puissances subalternes qui en dépendent. Sans cela ils ne pourroient se soutenir, au reste le soulèvement de tous les rajas auroit tenu à peu de chose, si seulement la moitié des forces que nous avions à la côte s’étoit présentée dans le Bengale. Alors ils se seroient sentis assés appuyés pour secouer cette timidité naturelle qui les tient dans l’inaction. Les Chets eux-mêmes, je crois, n’auroient pas refusé de s’entendre avec nous, car dès l’année 1758 ils avoient eu lieu de s’appercevoir qu’ils s’étoient donnés des maitres qui, sans chercher directement à les ruiner, à leur enlever leurs trésors, n’en étoient pas moins jaloux ainsi que de leur grand crédit, pour l’abaissement duquel ils ne tarderoient pas à employer les moyens les plus efficaces. Une pareille situation des affaires dans le Bengale, si avantageuse pour la nation si elle avoit voulu en profiter, me mit dans un état de dépit que je ne peux exprimer, surtout à la réception d’une lettre de M. de Leyrit, par laquelle je vis clairement que nos affaires de la côte alloient très mal. M. de Lally, d’un autre côté, ne m’écrivoit point. Que penser de ce silence[1] ? Il m’affectoit d’autant plus que je m’appercevois depuis longtems du mauvais effet qu’il produisoit sur l’esprit de quelques officiers, qui, portés naturellement à critiquer la con-

  1. Je n’ai reçu qu’en 1760 deux petites lettres de M. de Lally.