Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/479

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gociants, marins et jusqu’aux Arméniens ; personne n’avoit été exemt) fut prendre poste entre Goratti et Chandernagor. Il avoit avec lui quelques pièces de campagne.

Ayant bon nombre d’espions affidés, il fut servi à point nommé. Il ne tarda pas à apprendre où étoit la troupe venant de Batavia, et sçut en même tems qu’à tel jour, telle heure, la garnison de Chinchurat devoir sortir et faire route en traversant Chandernagor. En conséquence prenant avec lui une partie de sa troupe, il fut s’embusquer dans un quartier de cette ville presque désert, d’où à coups de fusils et de bayonnettes chargeant les Hollandois qui ne s’attendoient pas à une pareille rencontre, il les repoussa et les poursuivit jusqu’aux portes de Chinchurat. Rebroussant chemin tout de suite pour rejoindre sa troupe, il se rendit au plus vite avec elle au point où il savoit qu’il devoit attendre la troupe venant de Batavia. Les arcaras ou guides gagnés par les Anglois devoient la conduire en prenant une autre route que celle que le gouverneur hollandois avoit indiquée. Ce jour là même elle parut marchant à la débandade et sans aucune précaution. Elle ne pouvoit être qu’harassée de fatigues par les mauvais chemins où on l’avoit fait passer à travers les champs de neslys (ou riz). D’ailleurs on assure qu’il y avoit plus de vingt quatre heures qu’elle n’avoit mangé, on peut juger de là quelle résistance elle a pu faire. Aussi ce ne fut que l’affaire d’un quart d’heure.