Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/489

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

raja. Il me prioit de ne commettre aucune hostilité contre la place qu’il seroit obligé de défendre, que, le chemin étant libre, je pouvois passer outre sans rien craindre de sa part. Je pris le parti qui étoit le plus sur, le seul même à prendre. Que pouvions nous contre quinze mille combatants qui pouvoient être dans la place ? Le lendemain à la pointe du jour nous nous mîmes en marche en bon ordre, tournant la ville par les derrières mais toujours à la grande portée du canon qu’on ne tira point sur nous. Nous fumes camper au jardin de Djaferkhan sur le bord du Gange, demie cosse plus bas que la ville. Là nous eûmes toute la journée et surtout vers le soir plusieurs alertes. Je fus instruit, par quelques amis que j’avois dans Patna, qu’on étoit continuellement sous les armes depuis notre arrivée ; que le commandant anglois n’avoit cessé de solliciter Ramnarain à sortir sur nous, que sur son refus il avoit demandé qu’au moins on lui donnât trois à quatre mille cavaliers et fusiliers pour joindre à ses Européens et sipayes, que Ramnarain lui avoit répondu qu’il étoit bien le maître de sortir s’il vouloit, qu’il ne donneroit personne, mais qu’il pouvoit prendre avec lui ceux qui le voudroient suivre ; sur quoi ce commandant se donnoit les plus grands mouvements pour se mettre en état de tomber sur nous. La nuit suivante, moyennant quelques précautions, nous la passâmes assés tranquillement et continuâmes notre route à la pointe du jour.