Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/488

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J’aurois bien voulu tirer quelque argent de Palouandsingue, je me voyois réduit au dernier sol, mais sans cela même je lui aurois toujours poussé ma botte, la demande d’argent étant le meilleur moyen dont on puisse se servir pour connoitre ce que pensent les gens du pays à qui on a à faire. Sont-ils de bonne foy dans une entreprise qu’ils croyent devoir réussir ? leur bourse s’ouvre assés facilement du moins pour un emprunt ; sinon rien ne peut les rendre sensibles aux difficultés qu’on leur détaille, les plus belles promesses ne font rien. Je perdis ma peine auprès de Palouandsingue ; le traître, (et en effet je soupçonne qu’il le fut pour moi dans la suite) fut inflexible se rejettant toujours sur des embarras que certainement il n’avoit pas. Ce refus ne dénotoit rien de bon. Malgré cela je continuai ma route ; nous arrivâmes le 18 Avril aux environs de la ville de Patna suivis d’une multitude de Loutchas ou pillards qui, s’attendant à faire le même jour bonne capture, furent très surpris et fâchés de nous voir camper à cinq ou six cens toises de la place.

Mon idée étoit que si notre arrivée n’occasionnoit pas une fermentation dans la ville assés forte pour porter Ramnarain à obliger les Anglois de se retirer sur leurs bateaux, il se tiendroit du moins tranquille, sans chercher à nous inquiéter dans notre marche. En effet, à peine ma tente fut-elle dressée que je reçus une lettre très polie de ce