Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/491

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forte, aussi étendue que Patna (elle a pour le moins deux lieues de tour) dont la garnison seule, où il y avoit des Européens, étant bien payée et mieux armée que les troupes du prince, pouvoit se présenter contre nous en plaine, pour peu que Ramnarain se laissât aller aux sollicitations du commandant anglois ; tout ce que je pus dire ne servit rien ; il fallut marcher au siège. On se flattoit d’avoir des intelligences dans la ville, et qu’en l’attaquant, il se feroit un soulèvement qui favoriseroit l’assaut qu’on comptoit donner.

Le succès fut tel que je l’avois prévu ; après cinq ou six escalades asses mal dirigées et très mal soutenues qu’on donnoit de nuit à l’aide des maisons soit en brique soit en terre qui bordoient pour ainsi dire les fossés de la place, on fut obligé de lever le siège sur l’arrivée d’un secours en Européens et sipayes disciplinés qui étoient entrés dans la ville par le Gange. L’armée du prince perdit beaucoup de monde ; nous eûmes seize Européens tués ou morts de leurs blessures, plusieurs sipayes et quelques Mogols, heureux encore d’en avoir été quittes à si bon marché ; car si à la suite de la dernière attaque que nous fîmes dans l’ouest de la place, abandonnés à nous-mêmes, entièrement séparés de l’armée du prince qui étoit dans la partie de l’est [à une demie-lieue de nous au moins], les Anglois renforcés du secours qu’ils avoient reçu étoient sortis sur nous, nous étions tous tués ou pris. Je ne me souviens pas d’avoir