Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/492

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jamais passé une journée plus inquiétante. Tout notre monde accablé de fatigues était éparpillé, pour se mettre à couvert, dans une quantité de paillottes où la moindre étincelle pouvoit occasionner un embrasement. Je m’étois mis pour me reposer, ainsi que quelques officiers, dans une espèce de mosquée très petite près du fossé d’où, sans être vu, je pouvois remarquer ce qui se passoit du côté de la ville ; elle étoit solidement construite en chaux et en briques et couverte d’un dôme en voûte. Il vint un boulet qui, enlevant le dôme, nous mît presque à découvert ; dans l’instant boulets sur boulets et une grêle de balles plongeant dans la mosquée nous firent bien vite sortir. Il n’y eût heureusement qu’un homme blessé ; c’étoit un sergent qui étoit venu faire son raport et qui probablement ayant été apperçu nous avoit attiré ce feu de l’ennemi. La nuit favorisant notre retraite, nous rejoignîmes le gros de l’armée en recevant un feu de rempart continuel pendant notre marche. Mais nous nous tenions à bonne distance. Je dois dire à la louange de MM. les officiers et des soldats que j’avois l’honneur de commander que, pendant les quinze ou seize jours que dura le siège, il y eut dans tout le corps un concert parfait, un zèle, une activité et une bravoure que ne peux assés louer et cela malgré mille désagréments de la part de l’armée du prince que Kamgarkhan commandoit. Le prince lui-même n’y pouvoit rien, la misère où il étoit le mettoit tout à fait dans la