Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/496

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nous fîmes pendant plus d’une heure un feu asses vif de canon et de mousqueterie à la faveur duquel le petit corps détaché mit le feu à la première porte ; après quoi le signal fut donné pour se retirer. La garnison continua encore plus d’une heure à faire feu et à lancer des fouguettes de tous côtés, dans l’idée sans doute que nous étions fort près, occupés à chercher quelque passage ; mais nous étions à nous reposer bien à couvert. Vers les trois heures du matin, persuadé comme de raison que la garnison devoit être endormie, je fis prendre les armes. La troupe conduite dans le silence par [le major] M. de Changey s’avança vers la porte à laquelle on avoit mis le feu ; l’ayant passé, on brisa à coups de hache la seconde et pénétrant à la troisième, on y attacha le pétard ; tout cela n’avoit pu se faire sans être apperçu ; l’alarme avoit été donnée dans la place dès le passage de la première porte ; sur quoi nos canons placés à propos avoient commencé à tirer à ricochet sur les tours et courtines où l’on remarquoit le plus de monde ; mais comme en effet presque toute la garnison dormoit profondément au moment de l’attaque, il se passa asses de tems pour parvenir à la troisième porte sans être exposé à un grand feu. Là on éprouva une forte résistance. Le pétard fit sauter la porte mais l’intervalle assés spacieux jusqu’à la quatrième étoit rempli de gens qui, armés de fusils, lances et sabres se défendirent en désespérés ; en même tems du haut des remparts on jetoit sur nos