Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/495

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octogone à double enceinte entouré d’un fossé, large, profond et plein d’eau n’ayant qu’une entrée fermée par quatre portes, la première à l’entrée de la digue qui traverse le fossé, la seconde à la sortie de cette digue, et les deux autres très épaisses au corps de la place. Elle n’avoit point de canon, mais une garnison d’environ deux mille hommes armés de fusils, lances, caytoques ou fusils de rempart, fouguettes, etc., et commandée par un zemindar qui avoit la réputation d’être très brave.

J’avois trop peu de monde et du canon trop foible pour faire le siège de cette place en règle. D’ailleurs que pouvois-je espérer des Marates ? Ils n’entendent rien à l’attaque d’une place, ils ne savent que piller ou se battre en plaine. Réduit à nos seuls Européens et sipayes, il fallut de nécessité essayer un coup de main, emporter la place de vive force ou la laisser là. Nous fîmes nos approches au soleil couchant, la nuit devint très obscure ; pour m’assurer autant qu’il étoit en moi du succès, je pris le parti de faire une fausse attaque vers les neuf heures de nuit, au moyen de laquelle, après avoir fatigué la garnison, je pouvois en faisant cesser l’attaque, la porter à se livrer au sommeil, en lui faisant croire qu’elle seroit tranquille le reste de la nuit ; en conséquence ayant placé le canon de manière à battre à ricochet, et quelques Européens et sipayes ayant été détachés pour faire des décharges vers l’entrée,