Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/498

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Marates. Pendant tout le tems qu’avoit duré l’attaque nous n’avions pas vu un seul d’eux ; leur commandant même n’avoit pas paru, de sorte que je croyois qu’ils nous avoient abandonnés. Cependant le désir du pillage les mit dans la place presque aussitôt que nous, non par la porte, mais par les tours et remparts qu’ils escaladèrent sans peine au moyen de la Berme où ils s’étoient glissés sur la fin de l’attaque. Ma plus forte occupation et celle des officiers pendant plus de cinq heures que nous restâmes dans Soupy fut d’empêcher que nos soldat et sipayes ne tombassent à coups de bayonnettes sur les Marates qui, sans avoir couru le moindre risque, enlevoient vingt fois plus que nos gens, par la souplesse et la légèreté avec lesquelles ils se transportoient d’un lieu à l’autre, et par un certain ordre de pillage, qu’ils observent admirablement entre eux, auquel la grande habitude les rendoit familiers. Je ne peux mieux les comparer qu’à celui qu’on donne aux singes dépouillant un champ. Au moment de quitter cet endroit nous fûmes menacés d’avoir une affaire très sérieuse avec les Marates.

De plusieurs femmes qui étoient dans Soupy, deux malheureusement avoient été tuées, les autres s’étoient sauvées, une seule exceptée, jeune, bien faite, asses blanche et d’une jolie figure qui, s’étant cachée pendant l’attaque, étoit restée endormie, du moins c’est ce qu’elle nous dit. Elle étoit venue se jeter à mes pieds, me priant de la