Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/499

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garder dans notre camp, de ne pas permettre qu’elle tombât entre les mains des Marates mais de la faire conduire chez ses parents qu’elle nous désigna dans une aldée assés proche où je fis tout de suite avertir. Elle étoit femme d’un chef gentil. En attendant que quelqu’un vint du village, je l’avois fait passer au camp en recommandant de veiller sur elle. Chioubot, le commandant marate, n’en fut pas plutôt informé qu’il vînt me trouver, menaçant feu et flamme, si on ne lui remettoit cette femme gentile, qui ne pouvoit, disoit-il, qu’être déshonorée en restant avec des Européens. Le vrai est qu’il vouloit la garder pour lui-même. Sur mon refus il me quitta furieux, jurant qu’il trouveront bien moyen de l’avoir. Ayant remarqué quelques mouvements parmi les Marates, je fis prendre les armes à la troupe. Nouvelles instances de la part de Chioubot, offrant même certaines sommes, nouveau refus de ma part, mais en même tems quelques parents de cette femme étant survenus, je la leur remis et les fis accompagner par quelques sipayes jusqu’au village. Chioubot rongea son frein mais n’osa rien entreprendre.

Le lendemain, je retournai au camp du chazada qui, en grand dorbar me fit compliment sur la prise de Soupy et me donna les honneurs du Nabot, pour lesquels il me fallut passer par bien des cérémonies que je trouvai plus fatiguantes qu’agréables. Après bien des saluts et révérences à la mode