Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/500

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du pays, en commençant à plus de cinquante pas du prince assis sur son trône, on me passa sur les bras une paire de petites timballes[1], sur lesquels le grand timballier frappa cinq ou six coups. Dès lors j’eus le pouvoir d’étourdir impunément tous mes voisins, de cette musique guerrière qu’on nomme Nabot ; mais comme je n’avois pas le moyen de l’entretenir, et que le prince n’étoit pas en état lui-même de me le procurer, je laissai dormir mon privilège. Le prince s’étendit beaucoup sur la bravoure des Européens et sur les services qu’il attendoit de notre nation.

L’armée se retire sur les bords du Saone.

Nous entrions cependant dans la saison des pluies il fallut penser à prendre des quartiers d’hiver. Les bords de droite et de gauche du Saone furent choisis de préférence. D’ailleurs que faire ? Le prince ne voyoit encore jour à aucun succès décisif, les chefs qui étoient les plus portés pour lui n’osoient remuer. Kademhoussenkhan, qui avoit pris les armes, se voyoit poursuivi par les troupes angloises accompagnées de Miren que

  1. Lors de la réception d’un présent que fait le prince, il faut toujours porter sur soi quelque chose qui ait rapport à l’espèce du présent. Si c’est un cheval, on passe la bride autour du bras ; si c’est un éléphant on se met précisément sous la trompe, tenant en main le conducteur ou le crochet de fer appuyé sur l’épaule.