Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/502

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savoit que l’empereur son père avoit cédé par écrit tous ses droits à l’Empire, particulièrement les soubahs de Bengale, Bahar et Orixa, et craignant, sur les avis qu’il recevoit du Bengale, qu’enfin de manière ou d’autre il ne parvint à se faire reconnoitre, s’étoit décidé à faire périr le père pour faire monter sur le trône un prince de son choix, et rendre par là nuls les titres que pouvoit avoir Alygohor. On a déjà vu par le caractère que j’ai donné de ce vizir que les crimes les plus atroces ne lui coutoient rien. Alemguir étoit très dévot. D’ailleurs c’étoit une coutume usitée par les empereurs de visiter les personnages renommés par leur sainteté, les faquirs distingués, qui de tems à autre paroissoient à Dehly. Depuis plusieurs jours, Ghazioudinkhan faisoit courir dans le palais le bruit de l’arrivée de deux vénérables faquirs venant de je ne sais quel endroit très éloigné, qui s’étoient établis dans une espèce de tour [isolée] à une cosse de Dehly sur les bords du Gemna. On ne parloit que d’eux, des charmes de leur éloquence, de l’esprit divin qui les possédoit. Tous ceux qui approchoient de l’empereur, gens dévoués au vizir, ne cessoient d’exciter en lui le désir de les aller voir. Le bon Alemguir sans la moindre défiance en parla lui-même au vizir. Aussitôt des présents furent préparés et tout ce qui étoit nécessaire pour accompagner l’empereur en grande cérémonie. Aux aproches de la tour, toute la suite du prince s’arrêta par respect. L’empereur seul