Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/503

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s’avançant, monta quelques degrés et entra dans une chambre très petite où étoient les prétendus faquirs. On peut s’imaginer comme on voudra le premier abord la réception des présents ; mais un quart d’heure après on vit le corps ensanglanté d’Alemguir jeté par la fenêtre sur les sables du Gemna. Toute la suite de l’empereur faisant demi-tour à droite disparut en moins de rien. Le vizir étoit resté au palais. Sur l’avis de ce qui s’étoit passé il donna des ordres pour arrêter les assassins ; il n’en fut rien. Mais tout de suite se faisant porter à l’endroit du palais, où l’on tient les princes enfermés, il en tira un qu’il fit proclamer empereur sous le nom de Chadjehan[1]. On assure que le corps d’Alemguir resta plusieurs jours sur les sables du Gemna sans qu’on pensât à l’enterrer.

Sur les bruits devenus publics, le prince Ali-Gohor[2] demeura en retraite trois ou quatre jours : il n’y eut point de dorbars, mais sans différer, il fut proclamé dans le camp empereur sous le nom

  1. Ou plutôt Djehan-Shaw, attendu qu’il y avoit déjà eu un empereur du nom de Chadjihan. Ces deux noms signifient la même chose : roi du monde. (Autog.).
  2. Le prince étoit instruit depuis longtems de la mort de son père, mais on avait des raisons pour garder le silence. Sur le moment le Patane Abdaly étoit à Dehly ou plutôt marchoit sur Delhy. On voulut savoir quelles seraient les suites de son arrivée dans cette capitale et quelle serait sa réponse aux lettres que le chazada lui avait écrites en apprenant la mort de son père. Les réponses d’Abdaly vinrent quelques jours après