Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/506

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affaires tourneroient de ce côté là[1]. Quant aux autres parties de l’Empire, Cha-Alem ne pouvoit gueres se flatter d’être reconnu tout de suite. C’étoit l’affaire du tems et des circonstances plus ou moins favorables. Ghazioudinkhan étoit possesseur de Delhy où il avoit mis sur le trône un nouveau prince. Il avoit eu la charge de vizir depuis bien des années et étoit encore reconnu tel dans presque tout l’empire. Tout le pays du côté de Delhy étoit censé sous ses ordres [malgré

  1. Les suites devinrent de jour en jour si intéressantes, qu’en janvier 1761, on vit le moment d’une révolution dans laquelle l’empire de l’Indoustan alloit passer des mains des Mahométans dans celles des Gentils.

    Abdaly ne trouvant d’abord en 1760 aucune opposition, entra avec toute son armée dans Dehly, où il se commit des cruautés, des horreurs plus révoltantes encore que celles du tems de Nadercha. Les Marates survenants, Abdaly sortit pour les combattre. Les Marates furent repoussés, mais non défaits. Une seconde armée marate plus forte que la première qui cependant étoit de cent mille chevaux, survenant encore, Abdaly crût alors devoir abandonner Dehly et passer le Gemna pour se mettre quelque tems à couvert, [et donner plus de facilité à une jonction générale de tous les Mahométans.] Les Marates entrant dans Dehly enchérirent sur les horreurs et cruautés de l’armée d’Abdaly. Ne voulant plus avoir rien à faire avec le vizir Ghazioudinkhan qui fut obligé de se sauver dans le pays des Djates, ils déposèrent et renfermèrent Chadjehan que ce vizir avoit placé sur le trône, et pour ne pas effaroucher quantité de chefs mahométans qui étoient dans leur armée, ils mirent à sa place Djouan Bockt, fils aîné du nouvel empereur Cha-Alem. Djouan Bockt ne prit pas de nom, il étoit comme lieutenant de son père. Cependant l’alarme se répandit de tous côtés chez les nababs et chefs du parti Mahomé-