Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/509

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le serment qu’il m’avoit fait aux environs de Dehly, d’être toujours l’ami de la nation françoise et de regarder ses ennemis comme les siens, ce qu’il me confirma à l’occasion de son avènement au trône. Il ne fut donc plus question que de tirer en faveur du prince le meilleur parti possible de l’événement et j’ai lieu de croire que Camgarkhan qui dirigeoit les opérations, auroit réussi, même à l’avantage de notre nation, sans une nouvelle révolution à laquelle nous ne pouvions guère nous attendre.

Déposition de Mirdjajeralikhan.

J’ai dit plus haut que la conduite du nabab de Bengale Mirdjaferalikhan étoit devenue suspecte aux Anglois. Elle leur avoit paru telle dans l’affaire des Hollandois ainsi que dans le soulèvement de la province de Pourania. En effet, je sais à n’en point douter, qu’il étoit désespéré de se voir esclave d’une nation étrangère qui, par sa trahison à la journée de Palassy, lui devoit son salut et sa grandeur. Le colonel Clive étoit parti ; c’étoit le seul Anglois pour qui il eût quelque amitié ; d’ailleurs le génie tutélaire de la nation angloise, devoit, selon Djaferalikham, être parti avec lui. Le bonheur attaché au sort du colonel avoit tout fait jusqu’à présent, et l’on ne devoit pas penser que le général qui le remplaceroit pût être aussi heureux. Par cette idée tout à fait conforme à la manière de penser des Asiatiques qui, pour la guerre surtout, se rejettent sur la fatalité, sans