Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/508

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mais dont la réunion à ses intérêts ne demandoit que quelques explications et sembloit être devenue plus aisée, tant par l’horreur que devoit inspirer à un chacun le crime atroce de Ghazioudinkhan, ainsi que par le droit naturel que lui donnoit à l’empire sa naissance, ainsi que sa nomination au trône qu’il tenoit de son père depuis plusieurs années. Ce raisonnement convenoit asses à Cha-Alem qui embrassoit tout en général sans distinction, ne devant regarder comme ses ennemis propres que ceux qui ne voudroient pas le reconnoître. Mais quant aux intérêts de ma nation, il ne m’accommodoit point du tout, par la seule raison que les Anglois venant à le reconnoitre [pour grand Mogol], nos ennemis devenoient en quelque façon ses amis, et malheureusement ces Anglois formoient le parti le plus puissant, le seul qui donnoit la loi, qui, par la terreur qu’il avoit inspirée, règloit les mouvements des autres. Que faire dans de pareilles circonstances ? Elles m’eussent très peu inquiété, si j’avois eu l’espérance de voir nos forces de la côte donner dans le Bengale. Alors l’avantage auroit été décidément pour nous ; mais je savois, à n’en pouvoir douter, que je n’avois rien à espérer de la côte ni de quelque endroit que ce fut. D’un autre côté, j’étois trop avancé pour reculer. C’étoit une nécessité de voir où nous conduiroient des événements sur lesquels la prévoyance pouvoit être en défaut. J’eus soin seulement de rappeller au prince devenu empereur