Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/511

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M. Holwell par intérim, n’ignoroit rien de ce qui se passoit. Rien n’est secret dans les dorbars ni même dans les sérails. L’on pénètre partout ; celui des Anglois leur découvroit les mystères les plus cachés. On décida à Calcutta que dans ce moment de crise, il étoit de toute nécessité de prévenir les desseins de Mirdjaferalikhan[1], en le déposant et mettant à sa place un nabab qui fut plus attaché aux intérêts de la nation angloise, et qui fut en même tems moins désagréable à tous les rajas. On travailla en conséquence par des émissaires envoyés à Morshoudabad ; comme la trahison, même entre parens, n’est qu’un jeu dans l’Inde, il ne fut pas difficile de trouver un sujet. Cassimalikhan, gendre de Mirdjaferalikhan, fut celui sur qui on jeta les yeux de préférence. Enfin

  1. Tout le Bengale et ses dépendances étoient ravagés, le commerce des Anglois étoit anéanti, les troupes sans paye ; les Anglois ne savoient où trouver de l’argent que leur refusoient les Chets mêmes, ces fameux banquiers, les premiers auteurs de l’importance de la nation angloise dans le Bengale, mais qui probablement avoient déjà eu lieu de s’en repentir. Un tel état des choses, pour peu qu’il eût duré, les perdoit entièrement. Il falloit donc un remède promt et violent. Mais auquel avoir recours ? On vit le moment où sacrifiant tout le système de gouvernement qu’ils avoient suivi jusques là, les Anglois alloient traiter directement avec le prince Cha-Alem. Les conditions furent même arrêtées par le gouverneur Holwell.

    Les Anglois demandoient pour la Compagnie des Indes le soubah de Bengale seul, dont ceux de Bahar et Crissa ne dipendroient plus, que le gouverneur de Calcutta eut le titre de soubahdar, de nizam, que le détachement françois qui étoit