Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/514

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ses serments, il se prêta à une négociation dont le résultat fut que le nabab Jaferalikhan avec toute sa famille seroit conduit par eau à Calcutta où il demeureroit sous la protection du gouvernement anglois. Il partit aussitôt bien escorté, et sur le champ Cassimalikhan qui avoit fait son traité avec les Anglois, où l’article contre la nation françoise n’avoit pas été oublié, fut proclamé soubahdar des trois soubahs, Bengale, Bahar et Orissa. On avoit préparé à Calcutta sur les bords du Gange une grande maison pour recevoir Mirdjaferalikham. Il y étoit encore paroissant assés tranquille lorsque je quittai le Bengale en 1762. La garde d’honneur qu’on lui donnoit étoit autant pour l’observer que pour sa sûreté.

Telle fut cette révolution qu’on peut dire paisible (il n’y eut pas une goutte de sang répandue), qui cependant a donné lieu aux discours, aux écrits les plus violents parmi les Anglois, suivant l’esprit de parti que prenoient les uns et les autres. En effet si Miren a été assassiné, si sa mort, comme il y a apparence, [du côté de Cassimalikham] a été une des dispositions prises pour arriver à cette révolution, elle est infâme, abominable, rien ne peut la couvrir. [Si tous ceux qui profitent du crime ne peuvent qu’être soupçonnés, quoique peut-être injustement de s’y être prêtés, cette révolution devient honteuse pour la nation angloise]. D’un autre côté il faut convenir qu’elle a coupé le nœud gordien que présentoit à la poli-